Troll Enez Morbihan Swimrum

L’envie comme source de motivation. Dix-huit saisons de triathlon et un toujours un plaisir fou à m’entraîner. De ma découverte du triathlon, à varier les distances, à m’imaginer de nouvelles destinations de camps et de courses, et effectuer des crochets dans d’autres disciplines multi-sports (tels le duathlon, l’aquathlon, le VTT et X-terra), c’est ainsi que j’ai entretenu ma flamme pour le triple effort.

Cela faisait déjà années qu’un reportage sur le ÖtillÖ m’avait scotché devant mon écran, alors quand j’ai entendu parler de l’Engadin swimrun, j’ai tout de suite su que je serai au départ de cette course de folie dans les Grisons.

Le swimrun se court par binôme et à part le fait qu’il faille enchaîner natation et course à pied à de multiples reprises, je n’y connaissais pas grand-chose ! Il s’agissait de motiver Xavier et ensuite, « on verra » ! Bon, et à part ça c’est quoi ce swimrun ? Aïe l’eau est à 10-12 degrés? Il faut courir un trail de 45 bornes en montagne avec la néoprène? Nager 6 kilomètres en baskets avec un sac à dos et un camelbak? Il y a 8h d’effort? Ben mon vieux, heureusement qu’on s’est inscrit avant de savoir dans quoi on s’embarquait !

Voilà, ça c’était « avant ».

Et ce qui ne devait être qu’un « one hit wonder » nous a vraiment fait crocher. Les paysages, le côté nature, l’entraide dans les moments difficiles, tout quoi ! On s’était promis qu’on remettrait ça, et le plus tôt serait le mieux.

Mais où ? Car le swimrun en est à ses balbutiements et c’est un sport qui se pratique très peu hors de la Suède. Je tombe par hasard sur le Troll Enez Morbihan swimrun, littéralement le « tour des îles du Morbihan ». Première édition. Parcours encore à définir. Site web digne des années nonantes… Euh… C’est sérieux ? En tout cas, les paysages ont l’air splendide !

Avant de s’inscrire, petite « formalité », à savoir boucler l’Ironman Vichy et tester l’état des jambes ensuite ! Le parallèle avec l’Engadin Swimrun est saisissant : Un IronMédoc râté, suivi d’un triathlon « sprint » réussi (victoire à Préverenges) m’avait valu une très bonne course, donc avec l’Ironman Vichy tout autant « réussi » suivi d’un podium au « sprint » de Morat, je ne pouvais que prendre du plaisir en Bretagne !

Le parcours nous est dévoilé la veille au soir et ce sera 17 sections pour nager entre six et sept kilomètres dans le golfe à alterner avec une bonne quarantaine de bornes sur les îles.

Départ matinal sur une embarcation pour rejoindre l’Ile d’Arz. L’ambiance est bon enfant, et les options matérielles des coureurs sont aussi variées qu’il y a de bînomes ! Plaquettes, pull boy, masque et tuba, palmes, combi coupée aux épaules et/ou aux genoux, cagoule, ceinture porte-gourde, cordes, five-fingers, j’en passe et des meilleures ! Xav’ et moi ferons pareils qu’en Engadine : combi néoprène coupée au-dessus des genoux, lunettes et cagoule, T-Shirt en mérino et CamelBak sous la combi, bas de compression et chaussettes en mérino dans nos running habituels.

Nous décidons de partir sur un bon rythme (ben oui quoi Xav’: 4’15/km c’est un rythme marathon!) et à l’exception de 4 ou 5 binômes partis en mode supersoniques, c’est nous qui dictons le rythme du premier peloton. Une petite demi-heure pour s’échauffer sur des sentiers côtiers et un décor de carte postale avec le soleil levant. Quel bonheur! Transition pour la mise à l’eau ; c’est vraiment pas notre truc, d’autant qu’on a couru « top down » Bref, où comment passer de la 6^ème à la 25^ème place en quelques minutes !

La mer est étonnamment agréable (env 16 degrés) comparée aux lacs de l’Engadine. Traversée sans histoire et nous entamons la deuxième section de course combinaison fermée et le 5’00/km est malgré tout agréable. Ça fait néanmoins du bien de se rafraichir ! Je nage tout en souplesse mais je constate que Xav’ ne suit pas le rythme ! « C’est pas possible, il me refait pas le coup de l’Engadine! » A la sortie de l’eau, il est furax, dit qu’il n’arrive pas à avancer, pas de glisse, ne comprend pas… Bon, on s’en fout du temps de toute façon, on est là pour se faire plaisir !  Le tour de l’île aux Moines ; la plus longue section avec ses 14km de sentiers. Du pur plaisir ! On remonte pas mal d’équipe, et je dois me forcer à y aller piano, et encourager Xavier ! Il n’est pas dans un bon jour et la route est encore longue.

Vient ensuite des enchainements de longues natations entrecoupées de marche et d’escalade dans les Logoden.

C’est vraiment fun. Les portions sur ces petites îles, on adore ça, et le décor à couper le souffle nous fait relativiser la nage toujours aussi problématique pour Xav’, surtout avec cette petite houle qui vient rajouter un peu de piment à l’aventure. Une longue section de course où nos qualités de chamois nous sont plus utiles que celles d’endurance vient clôturer cette escapade sur les îles.

Une autre longue course de près de dix bornes nous attend pour aller chercher Vannes et revenir de l’autre côté du canal. Xav’ est « sec » et c’est au courage qu’il atteint la dernière natation. Tranquille, même si c’est assez laborieux. Ensuite, c’est seulement un petit quart d’heure pour rejoindre l’arrivée, franchie en 5h59 ! Juste heu-reux !

Un cadre magique, une organisation au top, un superbe état d’esprit des concurrents, c’est ça le swimrun et on en redemande !

Ce récit est paru dans le tricycle de novembre 2015:
http://www.rushteam.ch/media/tricycle/Tricycle_v23_.pdf