Ötillö 2016

Suite à la qualification de Gilbert et Daniel en Engadine, et au renoncement de ce dernier, j’ai accepté avec enthousiasme la proposition de Gilbert de courir Ötillö avec lui.

Le Frenchman fin mai et l’Engadin début juillet nous ayant assuré une base foncière suffisante, un cycle de vitesse/temps de soutien (parachevé par une victoire sur le triathlon sprint de Nyon, bon pour la confiance!),  ainsi qu’un autre d’allure spécifique (10 sessions de swimrun ensemble et 4 sorties longues en 6 semaines) nous a permis de nous présenter en Suède avec le sentiment du travail bien fait. A noter que contrairement à nos précédents swimruns, nous allons nager en plaquettes à Ötillö ; il a donc fallu monter les distances progressivement pour ne pas se détruire les épaules !

Nous avons pris le ferry « Ötillö » à Stockholm dimanche midi et fait connaissance avec plusieurs équipes pendant la traversée et lors du repas du soir à l’hôtel à Sandhamn. L’ambiance est vraiment sympa et étonnamment décontractée.

Gilbert vous fait son récit (en bleu) que je commente (en orange) pour vous faire vivre notre course de l’intérieur.

Ötillö, the swimrun world championship

Réveil à 4 heures du matin, passage aux toilettes (positif, c’est déjà ça) et petit déjeuner très bien organisé dans la salle à manger de l’hôtel. Pas de temps perdu. Phil mange son gatosport, je préfère me gaver de protéines (œuf, et tranches de pain jambon – beurre – fromage). On libère les chambres et dépose les sacs dans le ferry qui nous retrouvera sur l’île d’arrivée. Phil à l’air serein, je suis assez nerveux. J’ai une grosse appréhension.

En effet, je suis prêt, dans la tête comme dans les jambes. Les dernières grosses séances m’ont mis en confiance et je déroule la routine comme pour chaque course longue distance. Je ne dévie pas du plan même pour le p’tit déj’ qui fait furieusement envie! Gilbert est stressé comme d’hab’ avant une course, mais j’ai l’habitude et son appréhension n’est pas contagieuse.

Il fait froid, heureusement il n’y a pas trop à attendre. On se met quand même à l’abri du vent. Comme prévu, le départ sera bien donné à 6h00, la voie étant libre pour la première natation (l’heure de départ n’est pas fixe elle dépend du trafic des gros bateaux qui croisent la première natation).

On se place dans la zone de départ, en 4ème ligne. On sympathise encore en vitesse avec les Sirènes, une équipe féminine franco-anglaise formée de deux joueuses de water-polo. Mats (un des deux organisateurs de la course) est bien en vue pour donner le départ et nous informe du temps qu’il reste avant le coup de feu : 4 minutes, 1 minute, 30 secondes… Ça part très fort sur les 200 premiers mètres, heureusement la course est neutralisée pour le reste de la première section. Mais ça pousse et ça essaye de dépasser dans tous les sens. On n’est plus très bien placés au moment d’arriver sur la plage après moins de 5 minutes de course à pied. La première mise à l’eau sera la seule depuis une plage. De toute façon, à part mettre les lunettes, on était déjà prêts à nager au départ. Grande inconnue, quel sera l’effet d’une eau à 13 degrés sur mon corps encore à moitié réveillé ?

Finalement pas si terrible que ça, l’eau est fraîche mais ne pique pas. Comme prévu Phil part devant et je me mets dans son sillage, un peu de bousculade dans les premiers mètres, mais tout le monde se met assez vite à sa place. On prend nos relais toutes les 5-6 minutes comme prévu. J’arrive à me glisser dans les bulles d’une équipe un poil plus rapide que moi. La navigation est facile, pas ou peu de courant sur cette section, une bouée bien visible à mi-parcours et un flash pour marquer le point de chute. L’hélicoptère nous passe tout près, c’est assez stressant. Après environ 35 minutes d’une nage peu mouvementée, on arrive sur la deuxième île : Vindalsö. Comme prévu, on est loin derrière (dans le dernier tiers), et comme prévu les rochers sont glissants.

Mince, on a pris le départ du super-sprint qui part avant le longue distance ? Halluciné par la vitesse à laquelle ils sont partis ! En Engadine, on s’est retrouvé presque tout devant naturellement, et là, ça se bouscule pas mal. De toute façon ça ne va pas changer grand-chose car c’est un peloton compact qui se met à l’eau. L’eau n’est pas si froide que cela, et je prends un bon rythme tout en faisant attention à ne pas m’emballer. Notre objectif sur cet Ötillö est de prendre du plaisir et de terminer la course ; le plan est clairement de partir avec le frein à main sur les premières heures de course. Content de ma première natation, et comme le niveau natation est juste monstrueux comparé au triathlon, on sort de l’eau après l’énorme majorité des équipes.

Ötillö

On fait extrêmement attention de ne pas perdre l’équilibre. Cette deuxième section ne fait que 800 mètres, mais c’est une succession de cailloux de différentes tailles à surmonter. L’hélicoptère est au-dessus de l’eau mais à quelques mètres de nous. Ça rajoute un peu de stress, mais c’est encore assez drôle finalement.  Tout le monde est très excité et certains nous dépassent en volant sur les rochers. Ils prennent plus de risques que nous et vu l’état de leurs genoux à l’arrivée leurs talents d’équilibristes ne sont pas toujours infaillibles. Remise à l’eau facile à la fin de l’ile pour une natation peu mouvementée de 300m.

Nous savions que les premières îles seraient plus du crapahutage que de la course à pied, donc on ne s’excite pas et prenons les difficultés comme elles viennent. Je suis très facile et m’extasie à voix haute plusieurs fois tellement le spot est magnifique !

Ötillö

A la sortie de l’eau, sur l’île de Skarp-Runmarn, un premier ravitaillement nous attend. Il faut dire qu’on est presque à l’heure de course bien qu’on n’ait nagé que 2km et couru la même distance. A nouveau des rochers rendus glissants par le passage des concurrents. Commence alors une section course à pied plus longue et assez technique, de nouveau des rochers à gravir et des passages en sous-bois. Le sentier est très étroit et il est facile de se perdre, il faut rester vigilants. C’est très, très technique, et on n’avance pas très vite. Philip est dans une forme extraordinaire, pour ma part je me contente de suivre, mais j’ai de la peine et j’ai l’impression de laisser de l’énergie. Un peu plus de 4km dans ce calvaire et on se retrouve à l’eau pour 380 mètres, un rocher à gravir sur 200 mètres et à nouveau 500 mètres de natation. La mer n’est encore pas trop agitée. Philip nage devant dans les petites natations.

Le temps passe très vite grâce à une telle variété de parcours. Nous ne progressons pas très rapidement, mais du coup, ce rythme m’est très confortable. Je cours devant pour annoncer les obstacles et montrer la voie.

Ötillö

On se retrouve alors sur une des trois grandes îles du parcours, en l’occurrence Runmarö avec une section course plus longue : 8800 mètres avec un ravitaillement au milieu. Le chemin s’améliore avec de vrais sentiers et parfois même un chemin blanc. Passage rapide au ravitaillement, on essaye d’avaler le plus de trucs possible en un minimum de temps. On en profite pour passer deux ou trois équipes qui s’attardent sur les victuailles. On rejoint une des rares routes (non goudronnée) du parcours et on décide de descendre le haut pour les 4 kilomètres restants.

On retrouve un peu de présence humaine avec quelques maisons de vacances, jusqu’à présent c’était plutôt sauvage. On passe quelques équipes dont les Poulettes.  La prochaine natation évite un terrain privé sur lequel les organisateurs n’ont pas pu obtenir le droit de passer. C’est une natation très calme, dans un bras de mer bien abrité. On ressort pour retrouver des passages techniques dans les sous-bois couverts de myrtilles et d’airelles rouges. 800m à zigzaguer avant de plonger à nouveau pour 320 mètres et se retrouver sur l’île de Munkö (2500m). Les paysages sont extraordinaires, malgré la difficulté de l’épreuve on lève quand même la tête pour admirer la vue. Munkö, c’est à nouveau du lourd, des cailloux, des rochers à escalader et à descendre tant bien que mal. Un chemin pas toujours très clair avec pas mal de variantes de passage.

Runmarö c’est la délivrance : on peut enfin courir ! Gilbert passe devant et on commence à doubler des équipes ! Je dois parfois lui rappeler les consignes d’avant-course, soit un rythme de croisière autour de 12 km/h, mais on est tellement bien qu’on s’accorde qqs kils un peu plus rapide 😉 Je me sens en grande forme et j’ai l’impression de courir sans effort.

Ötillö

A la fin de l’île une section plus longue en natation nous attend. 1000m dans une eau agitée avec pas mal de vagues et du courant. Phil prend le premier relais. Heureusement on ne souffre pas (encore) du froid. Après 3 ou 4 relais, on se retrouve de l’autre côté. On a nagé plus lentement, difficile de prendre ses appuis correctement quand il y a des vagues.

C’est clair, moins les conditions de nage sont faciles, plus les mauvais nageurs en pâtissent ! Et vu les profils essentiellement nageurs des concurrents, on a pris des valises en natation !

Ötillö

On pose pied sur l’île de Namdö, la deuxième grande île du parcours avec environ 8km de course, le chemin est un peu plus roulant, et on peut enfin remonter des équipes. Ravitaillement à mi-parcours avec un passage à effectuer en aller-et retour. Là on croise les Poulettes qui ont déjà ravitaillé et qui avaient pris une sacrée avance sur nous dans la dernière natation. Au ravitaillement, on retrouve notre journaliste Laurent Grabet très enthousiaste et qui nous encourage. Michael Lemel (le fondateur de l’Ötillö) est aussi là. Arrêt rapide et en route pour la suite. Un peu avant la fin de la section on repasse les Poulettes. 200 mètres de natation pour rejoindre l’île de Mortö et ses 3600 mètres de course. S’en suit deux petites natations avec des cailloux à gravir entre deux et on est maintenant face à la pièce maitresse de la course : Pig Swim.

On accoste sur Namdö après 4h de course et les réserves énergétiques semblent intactes. Gilbert pousse un peu le rythme et on tombe la combi pour la première fois. Je perds ma flasque de 2.5dl dans l’opération mais ne m’en rend compte que plus tard. Quel con ! Après un peu de nage et de crapahutage, nous voilà à la fin de l’échauffement ; en effet nous avions coché 2 difficultés majeure sur le parcours : Pig Swim quasi enchaîné avec autre section natation de 1000m, et les 20km de course sur Örnö.

Ötillö - Philip Morel, Gilbert Cavedon

Pig Swim, c’est la deuxième plus longue section de natation, 1400m dans une eau agitée et avec pas mal de courant. Heureusement le vent est tombé un peu et les vagues viennent de côté et plutôt sur l’arrière. N’empêche, on est déjà a plus de 5 heures de course  et on a plus la même cadence que dans la première section. Heureusement la sécurité est au top puisque chaque équipe ou groupe d’équipes à son bateau de sécurité à proximité. Avec Phil on prend nos relais de 3 à 4 minutes, mais le froid commence à se faire sentir. Surtout derrière quand l’effort est moindre, on commence à grelotter. Sortie de l’eau très, très difficile pour ma part, je n’ai plus d’équilibre, les rochers sont glissants sans prise. En plus, il y a la caméra qui tourne et on a droit au mini interview à chaud (ou à froid c’est selon). Une fois débarrassé du journaliste, on gravit tant mieux que mal les rochers qui nous mènent à la forêt sans avoir oublié de prendre une barre chocolatée bienvenue offerte par un bénévole. 3 kilomètres de fourrés et de cailloux entrecoupés d’une mini nage de 200 mètres.

Le Pig Swim tant redouté passe finalement assez bien, même si les épaules commencent à se manifester un peu. On a froid en sortant de l’eau et je me dis qu’on a fait le bon choix de matos avec un merino courte manche, un top de tri et la neoprène longue manche (alors que certains Vikings étaient torse-nu sous une néoprène courte manche !). Le ravito « Twix » est juste mythique et je dévalise le suivant en buvant 3 gobelets de bouillon chaud et 1 plaque de chocolat ! Pour accrocher les 11h, j’avais calculé qu’il fallait sortir de PigSwim en 5h30, et nous avons une quinzaine de minutes de retard sur ces temps de passage.

Dès la sortie de l’eau, Phil se plaint d’une douleur aigüe derrière le genou gauche. C’est d’habitude le genou droit qui lui pose problème, mais là ça a l’air sérieux. Impossible d’allonger la jambe. On essaye de ralentir, mais les choses ne vont pas mieux. Si on accélère, il n’y a pas de différence. Vu que ce n’est pas lié à la vitesse, Phil met le compteur douleur sur reset et repart de plus belle. On se dit que ça peut encore partir lors des prochaines natations.

En escaladant les rochers à la sorties de l’eau une douleur aigüe me poignarde l’extérieur du genou gauche. Je marche un peu mais dès qu’on recommence à courir ça fait mal. Nous avons parcouru 40km et il en reste 35… A ce moment-là de la course je ne sais pas si je vais arriver au bout.

Ötillö

Difficile de se réchauffer, mais on commence enfin à se sentir bien avant la nouvelle épreuve : 1000m mais cette fois-ci avec de la vague de côté et pas mal de courant. On (enfin Phil) décide de passer plus au nord que les concurrents partis avant nous et qui ont l’air de faire une grosse banane en raison du courant. Il y a un rocher comme point de repère à mi-parcours et ça nous aide à ne pas trop dériver. Je fais un relais moyen au niveau navigation car je ne sais plus trop où on doit aller exactement. De nouveau le froid se fait sentir. Sortie de l’eau pour courir 200 mètres et à nouveau dans l’eau pour 225 mètres.

Les 1’000m de natation passent assez lentement, a beaucoup devoir s’orienter avec les vagues et le courant. Le froid nous engourdit et j’espère au moins qu’il va m’anesthésier la douleur au genou. A la sortie de l’eau je dis à Gilbert que nous en avons fini avec la natation (ou presque 😉

A une ou deux rares exceptions près, les sorties d’eau sont un peu toujours selon le même schéma : des rochers super glissants dans l’eau. Puis de grosses plaques de roche à grimper tout droit avant de rejoindre une forêt. On traverse l’île plus ou moins au milieu. Pour nous il est clair que cette sortie est à l’image des précédentes. Donc on sort tant bien que mal, on gravit les rochers et on arrive dans la forêt. Sauf que cette fois, pas de fanions à suivre. On revient sur nos pas, pas de fanions, on essaie à gauche, rien. On essaie à droite, rien non plus. Pas moyen de retrouver le chemin. Phil veut continuer dans la forêt, mais pour moi il est exclu de poursuivre sans balisage. Tant qu’on n’a pas retrouvés les fanions on ne continue pas. On a déjà perdu pas mal de temps, et comble de malchance on est esseulés. Personne derrière ou devant pour nous montrer le chemin. Phil s’énerve mais j’essaye de le raisonner. Finalement en revenant au bord de l’eau, je retrouve le balisage qui longeait le bord de mer cette fois.

Section difficile, sur des cailloux peu stables, il faut s’accroupir pour passer sous les branchages. Une course de près de trois kilomètres avec passage dans les roseaux et marécages. Les pieds s’enfoncent, mais on n’est plus à ça prêts. Ravitaillement à la sortie de l’île. C’est un point crucial où il faut vraiment bien s’hydrater et s’alimenter, une très grosse section course à pied nous attend après la prochaine natation. Je remplis un gourde pour la suite, Phil a perdu la sienne, on se la partagera.

Expérience très frustrante de voir les minutes s’égrainer sans savoir où aller ! Gilbert a fait preuve de raison là où seul j’aurai paniqué. A noter que j’ai nagé une section sans ma cagoule ni mes plaquettes (sous ma combi au niveau au niveau des cuisses) après un moment d’absence lors d’une des transitions ! Ça m’a fait du bien de tourner les bras plus vite et de ne plus avoir mal aux épaules !

Ötillö

300 mètres de natation avec pas mal de courant mais sans vagues pour rejoindre l’île d’Ornö. Enfin ! On devrait pouvoir remonter pas mal de monde dans cette section à priori assez roulante qui pourrait nous favoriser vis-à-vis des équipes de nageurs. Il y a 12km jusqu’au prochain ravitaillement, puis 8km avant de retrouver l’eau. On part la fleur au fusil, mais malheureusement le sentier reste toujours technique et difficile pendant de longs kilomètres. Ça fait déjà un moment que je suis à la peine, mais là je commence à en avoir sérieusement marre. On marche un bout pour tomber le haut de la combi, et on repart assez tranquillement. Phil a toujours son genou qui lui fait horriblement souffrir, mais il tient bon. Enfin le chemin devient un peu plus roulant (ça reste du chemin forestier) et on peut commencer à allonger. On se retrouve sur un rythme de 5min à 5min20 au kilomètre ce qui est nettement supérieur aux autres équipes.

Malgré tout, j’ai les jambes qui brûlent. Phil est toujours sur la retenue à cause de la jambe gauche qu’il ne peut pas étendre. Peu avant le ravitaillement, on arrive sur une route goudronnée qu’on suivra sur environ 4 km. On ramasse les morts, on voit les équipes devant nous qui marchent presque toutes alors que nous on est toujours sur notre rythme. Mais je suis à la peine. Grosse fatigue et les quadriceps qui brûlent horriblement. Au loin on voit les Poulettes, qu’on dépasse dans une montée. Ça ne durera pas longtemps. Je suis un cuit et demande à Phil de marcher un peu dans les montées. Elles nous repassent. Je commence à perdre un peu de lucidité. Malgré tout, on repasse les filles à nouveau ainsi qu’une autre équipe avant la fin de l’île. Ces vingt kilomètres nous auront permis de passer pas mal de monde, mais j’ai quand même l’impression d’y avoir laissé pas mal de plumes. Je suis content de retrouver l’eau pour se reposer les jambes un moment.

Örno, la deuxième grosse difficulté de l’Ötillö. Il fallait aborder cette longue section sans avoir puisé dans les réserves pour pouvoir courir tout du long. La bonne nouvelle c’est que je suis encore en pleine forme, la mauvaise c’est que j’ai vraiment très mal au genou. Sur une autre épreuve, seul, je pense que j’aurai bâché à cause de la douleur, mais je n’avais vraiment pas envie de pourrir la course de Gilbert ! On peut courir sans autre jusqu’à 12km/h, mais ensuite, le fait de boiter et de ne pas pouvoir allonger me freine un peu. On double tant et plus, et c’est très motivant. Gilbert commence à être dans le dur et c’est lui qui décide quand il faut marcher ; j’ai pas envie qu’il se grille car la course est encore longue.

Mais la fatigue m’empêche d’agir correctement, il me faut un temps incroyablement long à remettre la combi, les plaquettes et la cagoule avant de se remettre à l’eau. Inutile de dire que les autres eux, ils n’ont pas chômé entre-temps. A notre décharge, c’est quand même plus facile avec une combi de swimrun surtout si comme la majorité on se contente juste d’ouvrir le haut sans tomber les manches. Tout ce beau monde est dans l’eau bien avant nous. Pour ma part, je suis passé en mode survie, et je me fiche un peu de ce qui se passe autour de nous. Phil est très patient et ne fait aucune remarque (il aurait le droit pourtant !).

Nous avons sans doute battu le record de la transition la plus lente de l’Ötillö 2016 mais on n’est pas à 2 min près à ce moment de là de la course. J’espère vraiment que Gilbert arrivera à surmonter ce coup de moins bien et qu’on arrivera au bout.

Ötillö

C’est à partir de là que va commencer mon calvaire, il s’agit d’une succession de petites îles avec pas mal de rochers à gravir et à redescendre avant chaque petite natation. J’ai les jambes qui brûlent horriblement, impossible de courir à la montée ou à la descente. On arrive au dernier ravitaillement, et je ne peux quasiment plus plier les jambes. On s’y arrête un bon moment. Je prends beaucoup de salé, du magnésium et une pastille de sel. Mais le moral est quand même assez bon, malgré tous nos soucis, on se rapproche de l’arrivée et il semblerait qu’on puisse flirter avec les 11 heures qu’on s’était fixés (on pensait que ça n’était plus possible à partir de la fin de Pig Swim). Phil m’encourage beaucoup dans cette partie que j’ai beaucoup de peine à passer. Encore deux natations, et finalement la dernière qui nous amène sur l’île d’Utö.

C’est dur pour Gilbert et il faut un mental de warrior pour courir 2h en mode survie ! Le terrain est très technique et la progression est laborieuse. A ce moment nous savons que nous serons Finishers et je motive Gilbert tant et plus ! Je fais les natations assez tranquillement pour être sûr qu’il récupère bien. On profite pour admirer les méduses qui se comptent par douzaines (il paraît qu’elles ne piquent pas…).

Ötillö

Plus que 3.2 kilomètres et il reste un peu plus de 20 minutes avant les 11 heures. Même si le sentier restant est technique ça devrait le faire. Mais heureusement pour nous, on se retrouve sur un chemin blanc, et comme c’est du plat j’arrive à nouveau à courir. On est de nouveau super motivés. 3km c’est rien, et bien qu’on soit lessivés, ils passent encore passablement bien. Une dernière montée avant la ligne. On arrive encore à passer les américaines qui marchent dans cette dernière épreuve.

On a convenu de faire une arrivée mémorable, et c’est porté sur les épaules de Phil que nous franchissons l’arrivée dans une extrême satisfaction. Michael Lemmel est sur la ligne pour nous accueillir, comme pour chaque équipe. On se félicite, on y est arrivés, on est heureux, on est aux anges.

Gilbert a senti l’écurie sur la dernière portion avant l’arrivée et le voilà qui gambade à 4’45/km ! On est heureux comme des gamins et on savoure la fin de course avec des jambes qui vont toutes seules ! Beaucoup d’émotions pour conclure cette course incroyable !

Ötillö - Philip Morel, Gilbert Cavedon

Mais quel calvaire! Autant on s’attendait à du difficile en natation (on a été servis), mais c’était à l’image de nos attentes, autant on s’attendait à un début de course dur, autant on aura été surpris par le reste des sections à pied : Un chemin quasi inexistant qui se tortille dans la forêt, des rochers à escalader et des entrées et sorties de l’eau assez périlleuses.

Nous étions prêt au niveau de la condition physique, mais clairement nos lacunes techniques nous ont coûté énormément de temps. Si jamais on retourne une fois faire l’Ötillö, une prépa spécifique sur ce type de terrain me semble nécessaire.

On se boit une bière (bière Ötillö, spécialement brassée pour l’occasion), mange un sandwich et regagnons très péniblement notre chambre d’hôtel pour une douche bien méritée.

Ötillö - Philip Morel, Gilbert Cavedon

Un dernier mot concernant les ravitaillements, repas d’avant et après course : royal ! Une organisation parfaite pour une aventure sur 48h avec tous les swimrunners qui permet de discuter avec la plupart d’entre eux ; une ambiance vraiment sympa !