Ironman Zurich. Dimanche 2 juillet, 5h. Réveil. Ca y est, c’est le jour J.
Six mois que je m’entraîne avec cette date à l’esprit après une saison
2005 à ranger aux oubliettes avec son lot de diverses blessures et
maladies. Depuis janvier, 110 kils de natation, 3800km de vélo et 630 bornes à pied à m’entraîner pour cet event, l’objectif de ma saison. Niveau perf’ j’espère pouvoir tourner en 10h15, tout en essayant de chatouiller la barre des 10h.
Après une dernière semaine à base presque exclusivement de repos et d’hydrates de carbone, je me sens en grande forme. L’adrénaline monte très vite en ce dimanche matin. Un bol de céréales et un puis
j’enfourche un vtt pour descendre de chez Chauncey (merci pour
l’accueil!) jusqu’au départ. Derniers préparatifs dans la zone de
transition et puis direction la bandrole « Start ». C’est noir de monde.
1880 triathlètes prennent part à cette véritable fête du Tri! Pour me
placer devant je me met à l’eau 100m en aval et atteind la banderole
par les eaux.
C’est parti! De la folie! Sur près de 200m, impossible de nager. J’ose
à peine mettre la tête sous l’eau, et intérieurement cela m’énerve de
gaspiller autant d’énergie pour rien. Face au soleil qui se lève,
impossible de s’orienter. De toute manière, à voir comme je suis serré à gauche comme à droite, ça ne change pas grand-chose! A mon grand étonnement, je vois pour la première fois la bouée, 10m devant moi. Dès ce moment là, ça se gâte un peu. Un goulet se forme, et presque impossible d’avancer. Je reçois un coup qui fait gicler mes goggles. Pas très pratique de les remettre avec tout ce monde! La fin de la première boucle se passe bien; je suis dans un groupe d’une vingtaine de gars qui s’orientent bien et qui nage vite! Tourner autour de la petite île (bonjour les bouchons à nouveau!) et puis c’est reparti pour un tour. A un moment donné je me retouve serré d’un peu trop près, je bois une tasse et me fait arracher mon bonnet de bain! Qui a dit que les gens partent peinards sur les longues distances? Je sors de l’eau en 1h02 (377ème), pile ce que je comptais faire! Transition bien effectuée et départ pour une longue ballade à vélo!
Tout de suite en position tri, pour les premiers 25km à plat le long du
lac. Pas de vent. Le compteur oscille entre 42 et 45. Je me sens bien.
Vient la grosse montée du parcours, environ 5km. J’ai le sentiment de voler. Je monte en souplesse et je passe tout le monde bien que je n’ai vraiment pas l’impression de forcer. Petite descente et faux plat
montant sur Forch. Redescente sur les bords du Zürisee et après 15km de plat arrive la montée du « Heart Break Hill », petit bequet de 1.5 km qui vaut le détour! Une foule dense est massée sur les bords et il faut se frayer un chemin dans cette marée humaine. On se croirait sur les pentes du Galibier en plein Tour de France. Fantastique! Je termine la première des trois boucles en 38km/h de moyenne (43ème). Vu que j’escomptais faire 5h (1h40 au tour), c’est un peu rapide. Je me force à aller plus tranquillement sur le plat et la montée du second tour. Un petit coup de barre néanmoins dans le faux plat de Forch après 100km. La deuxième montée du « Heart Break Hill » est terrible, j’ai les jambes qui brûlent! 1h45 pour ce tour, c’est plus réaliste et me dis que je tournerai le 3ème tour dans le même rythme. Après un plat rondement mené, dans la longue montée sur Egg mes jambes refusent de tourner. Je ne peux littéralement plus en avant! Je met en danseuse sur le 39×27 et
même là, je n’arrive pas. J’ai déjà connu bien des défaillances (la
dernière remonte au TDFO 2004 au Jaun), mais comme celle-là: jamais! Une bonne centaine de triathlètes me passe à côté. J’ai bien envie d’abandonner et ne vois pas comment je parviendrai au sommet de la côte. Je serre les dents, envie de chialer sur mon guidon et, à 9km/h, j’arrive tant bien que mal en haut. Le long faux plat du 1er tour se transforme en col lors du dernier tour et le vent contraire qui forcit n’aide pas! J’essaie de bien tourner les jambes et de faire abstraction des gens qui me passent vitesse grand V. 175ème kilomètre, le « Heart Break Hill » pour la troisième fois, c’est inhumain! Quelques minutes avant la fin du vélo, Anton me passe à côté malgré le fait qu’il soit sorti de l’eau loin derrière moi. Visiblement il a mieux géré! 5h16 pour le vélo (251ème). J’essaie (pas facile!) de me persuader que c’est bien et calcule que dois courir le marathon en 3h40 pour tourner en 10h. Seul problème: je suis à plat. Allez, c’est dans la tête que ça se joue! Transition super-express (4ème temps!) que même en mini-série je n’arrive pas à effectuer si vite et départ pour un marathon.
Premier constat: les jambes acceptent de courir! Je passe le panneau des 10km en 47min, je met dis que c’est pas si mal. Mon principal soucis c’est la chaleur et le soleil; près de 30 degrès et, pour ne rien aider, on court à 100% sur de l’asphalte et les pieds commencent à brûler! Au 14ème kil, je marche un peu après le ravito. C’est dur de repartir et j’avance plus très vite (6min au kil). C’est décidé, je m’accorde le droit de marcher dans les montées sèchent (sous-voies, petit escalier, etc), C’est horrible et ça casse le rythme. Au 24ème kil, Anton me passe. Je n’essaie même pas de le suivre. 28ème kil: j’en peux plus. Je n’arrive plus à manger et marche 50m après tous les ravitaillement. Je me fixe plein de petits buts stupides pour me forcer à aller de l’avant mais au km 34, je commence à voir trouble. Pas bon! je marche durant presque 2 km. Je suis dans mon monde. Je regarde le chrono. C’est pas vrai, si je continue comme ça, je vais même pas descendre sous les 11h, ça me degoûte! C’est decidé, je ne m’arrête plus jusqu’à l’arrivée. Pas d’excuse, pas de ravito. Allez! Il reste 6km. C’est donc comme un zombie que je termine cet IronMan en 10h35 (305ème). Je ne pense plus à grand chose sinon que « voilà, c’est fait! ». Le temps du marathon restera anecdotique (4h13, 501ème) et jamais au grand jamais je ne ferai plus de 4h en càp!
En ce moment, je me dis: plus jamais un ironMan…