Ironman Klagenfurt: Jour J, Jour « sans »… Et j’ai pourtant essayé de faire avec!
Allez, on va faire « comme si ». Le mental fait beaucoup sur longue distance, mais passé un certain point, ça ne suffit pas. Et si on peut toujours faire illusion en natation et sur le vélo, en course à pied, le jour « sans » ne pardonne pas.
Mes pires galères, je les avaient vécues à Nice en 2001 et à Zurich en 2006; Klagenfurt 2009 restera en pole position pour encore longtemps. Un Ironman, ça ne s’abandonne pas; Finisher, qu’importe le temps!
Dimanche 5 juillet, Ironman Austria. Ca fait des mois que je n’ai que cette date en tête. Réveil à 4h30. Je me force à manger mes céréales, je n’ai pas faim. Dans la voiture pour aller au départ, j’ai chaud, froid, je sais pas… on va mettre ça sur le compte du stress et ça ira mieux une fois la course partie. Xavier et PA ont l’air détendus, Marie est über-stress;-). Sur la plage, une ambiance du tonnerre, et quand les hauts-parleurs débitent à plein tube « The Final Coundown », ça donne vraiment envie de chialer!
7h, 2’800 triathlètes s’élancent comme des fous furieux lors de ce mass-start dans les eaux du Wörtersee. C’est la guerre. Pendant tout le premier kil, c’est impossible de faire quoi que ce soit. Serré à gauche comme à droite, devant comme derrière. Rester zen. Au demi tour, après 2000m, j’ai les muscles des bras explosés, impossible de nager souple, de glisser; je force un peu avant la nouvelle baston à l’entrée du canal qui réduit la largeur de 100m à 10m… 800m plus loin, je sort de l’eau en 1h02 (332ème), mais complétement détruit.
La boucle vélo commence par un bord du lac d’une quinzaine de kils, très légèrement valonné. Vitesse de croisière stabilisée: pilote automatique sur 38km/h; je sens tout suite que ça ne va pas être possible: après 15 min, j’ai les cuisses en béton! J’ai plein de monde qui me passe et ça me perturbe un peu, pourtant je suis dans l’allure cible. Première petite bosse, j’use déja mon 39×23. A la reco, je m’étais dit qu’au premier tour, ça devrait passer sur la plaque… Vers le 60ème kils, le Rupertiberg: un talus de 3 kils avec des passages à 11%. J’ai l’impression de trainer ma disc wheel comme une âme en peine. Heureusement, vu le monde, on se croierait dans un col du Tour de France. Je suis HS au sommet de la bosse et je profite de la descente sur Klagenfurt pour récupérer un peu (l’avantage de ce parcours c’est qu’on fait 15 kils de legere descente après 3 kils raides!). Passage au semi sur les bases de 4h50 aux alentours de la 150ème place. C’est bien, mais mes douleurs musculaires aux quadriceps et au dos, ainsi que mes dépenses d’énergie pour maintenir ce rythme m’inquietent un peu… 2ème tour vélo un peu plus tranquille, et bonjour les défilés de pelotons composés de triathlètes qui croient participer à une cyclosportive. C’est pas parce que je suis mal que je vais drafter! 10m derrière le groupe, et à chaque coup de cul, je ralentis le rythme car incapable d’appuyer sur les pédales, et c’est reparti avec le peloton suivant qui dépasse…et ainsi de suite! Dégoûté! Dans le Rupertiberg, j’ai bien cru que devrais faire un bout à pied! J’ai mal à tous mes muscles et j’ai hyperchaud! Je fais toute la descente finale quasiment en roue libre pour aborder la càp dans un état acceptable, mais rien n’y fait, j’ai mal partout! 30 min de plus pour la 2ème boucle! 5h06 tout de meme (349ème temps vélo), en grande partie grâce à la configuration favorable du parcours (mais j’ai tout de même 179.5km au compteur). 303ème avant d’aborder la càp. Je suis toujours sur mon « plan de route » pour faire 10h, mais pas dans l’état de fraicheur escompté!
Je descend du vélo, et là, impossible de courir, quadriceps durs comme du béton, je dois marcher à côte de mon vélo pour le poser dans son box! Ca ne m’était jamais arrivé; même en faisant des sorties de 5-6h à fond, je suis tjs capable d’enchainer la moindre! Allez, ca va passer, on va essayer de claquer ce marathon en 3h50 et on n’en parle plus! Transition avec creme solaire et départ hyper-douloureux pour 42 kils à pied! Les 3 premiers kils en 5’30 de moy., je sens que j’en peux plus… Je marche un peu au ravito et continue à courir à 6 min/kil jusqu’au 6ème kil, et là, c’est le mental qui flanche. Trop mal aux jambes pour continuer. « Plus que » 36 kilomètres à courir sous ce soleil de plomb. Je ne vois pas d’issues possibles. Trotte, marche, trotte, marche, en fonction du public et des ravitos. Il y a un moment où le temps final importe peu. Que je fasse 10, 11 ou 12h, je m’en fous, j’ai juste envie de franchir la ligne. C’est long un marathon à ce rythme: 5h09 exactement. Et encore, j’aurai sans doute fais qqs minutes de plus si P-A ne m’avait pas « forcé » à courir (sinon il me serait revenu dessus! ;-).
Passage de la ligne, je suis mal. J’ai chaud, froid, je sais pas… Ca continue encore la nuit et le lendemain, avec ce mal de dos et à tous les muscles. Pas de chance, c’est bien le virus qu’Agnieszka à subi pendant 3 jours de jeudi à samedi… Depuis aujourd’hui c’est la pleine forme à nouveau!
Vraiment dommage. Impossible donc se savoir si la prepa un peu plus « ligth » de cette année aurait porté ses fruits. Et plusieurs de mois d’entraînement pour ne pas être bien le jour J…
Les moments forts pour moi auront été:
– grosse émotion avant le départ natation
– départ natation de folie
– parcours vélo magnifique, avec des qqs jolis talus!
– ambiance incroyable tout au long de l’ironman
– les interminables croisements avec xav’ le long des longues lignes droites, tout deux en marchant. on sait qu’on est là pour qu’une chose: finisher; on n’abandonnera pas!
Et qqs coups de gueules:
– contre les tricheurs de la pire espèce, je parle bien-entendus des adeptes du drafting (et il y en avait bcp à Klagenfurt!)
– contre l’organisation Triangle qui n’offrait aucune boisson de recup’ à l’arrivée (uniquement de l’eau, du coca et de la bière!)
– contre l’organisation Triangle (bis) pour nous faire payer la location de la puce 5 Euros alors qu’on débourse déjà 600 balles pour l’inscription! (pour faire simple, il y a un ligue d’écart entre la qualité de l’orga a Zurich et à Klagenfurt)
Un p’tit séjour à Venise pour oublier la déception (grosse quand même…) et on se donnera sans doute rendez-vous en 2010 … à Lanzarote!
11h24, pour l’anecdote.