Mi-novembre, je tombe par hasard sur un récit de course de la première édition de l’Engadin Swimrun. Course par équipe de deux: je convaincs Xav’ en deux temps trois mouvements, et nous voilà inscrits!

Bon, et à part ça c’est quoi ce « swimrun »? Aïe l’eau est à 10-12 degrés? Il faut courir un trail de 45 bornes en montagne avec la néoprène? Nager 6 kilomètres en baskets avec un sac à dos? Il y a plus de 10h d’effort? La majorité des équipes sont mises hors délai? Ben mon vieux, heureusement qu’on s’est inscrit avant de savoir dans quoi on s’embarquait!

Voilà, ça c’était quelques mois avant la course!

Mi-juin, deux semaines après l’IronMedoc, je participe au triathlon sprint de Préverenges, histoire de m’assurer que j’ai bien récupéré, et avec une belle 3ème place au scratch (et victoire en Seniors), je me dis que je peux monter en charge avec du spécifique « trail » et « swimrun »! Xav’ et moi allons faire trempette au lac de l’Hongrin histoire de faire notre premier swimrun, rien que nous deux! L’eau est à 13, et nous validons l’option « cagoule – combi néoprène coupée sous les genoux ». Avec 1 litre dans le Camelbak, ça passe sans problème sous la combi. Une ceinture porte gel, un t-shirt en laine de mérino, des bas de compression et des chaussettes de trail en mérino dans nos running habituels, voilà pour l’équipement!

Cette sortie dans les Alpes vaudoise nous a bien fait prendre conscience que nous n’avions pas fait de trail avant! (mollets explosés, quadris douloureux pendant une semaine!). Une sortie au Mt Tendre avec Gilbert il y a quinze jours, quelques sorties d’une heure bien valonnées et basta, c’en est fait de la prépration « trail »! Et pour la nage avec les baskets et le pullboy, les trois entraînements du club entre Lutry et Vilette (3.2 km) suffiront amplement! (je passe le test en piscine au Pontet au mois de janvier qui en avait fait rigoler plus d’un(e)!

Le voyage en Engadine est long…et magnifique …et long 😉 Les Rhätischer bahn nous font découvrir un trajet classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Retrait des dossards et briefing d’avant course à Silvaplana, où l’on nous invite à bien nous hydrater car il va faire chaud demain! Ils insistent (fortement) que cette course est très dure et que beaucoup d’entre-nous ne rallieront pas la ligne d’arrivée! (un beau contraste avec les discours de motivation avant les Ironman!). Avec cette canicule, la température des lacs d’Engadine est passée des 9-12 degrés annoncés à 12-19 degrés et le soir avant la course nous couperons nos combis en dessus des genoux, comme un shorty. La pasta est sympa et nous regagnons l’hôtel pour y faire dodo à 21h!

Lever 6h, gatosport et départ des bus qui transportent les swimrunners à 7h. La course part en dessus de Maloja à 8h. Placés assez à l’avant en raison de la montée très raide sans grande possibilité de dépassement après 1500m, nous partons à un bon rythme et après 500m un concurrent me tappe sur l’épaule pour me dire que j’ai perdu mon bonnet de bain! Aaaaaarrrrrg! Retour en sens inverse, je le retouve 50m plus tard et du temps que je rejoins Xav’, une grosse partie des coureurs sont passés! On aborde donc la montée très mal placés. On marche et franchement ça n’avance pas! Stop & Go tout du long, ça nous gonfle un peu! (Excuse-moi Xav’!) Les paysages sont magnifique et après 45 min de marche à la montée et trotte sur la crète, on voit le premier lac en contrebas ou les premiers nageurs s’élancent!

Un peu plus d’une heure pour moins de 6 kilomètres, il va falloir mettre la machine en route si on veut éviter le premier cut-off! Aux alentours de la 60ème équipe avant la première natation qui fait du bien! On passe un troupeau de nageurs et passons encore du monde sur la section descendante suivante. 50ème au premier timing officiel où nous sautons le ravito car le camelbak est encore bien plein (on est parti avec presque 1.5l chacun)! (et on n’a toujours pas compris comment certaines équipes font pour ne rien prendre à boire avec!). La 2ème natation dans le Silsersee est très fraîche! Je nage toujours devant (pour éviter que Xav’ pousse trop fort la machine et que ça me tue;-) et après une très bonne nage, je sors de l’eau seul… Merde j’ai perdu Xav! Gross stress, je ne vois personne arriver, c’est pas possible! 3 min plus tard, il sors de l’eau… il n’a pas bonne mine! Le froid à crampé son mollet et à ce moment, je me dis que c’est fini. On repars en marchant et après quelques minutes, Xav’ est de nouveau d’attaque! Ouf!

Cette 3ème section de trail à très fort dénivellé est incroyable! On passe des équipes tout au long de la montée et on stabilise à la descente car je ne cours pas comme un chamois, moi! (hein, Xav! ;-). La natation qui s’en suit se déroule de manière tranquille, mais même en nageant très souple, on passe du monde. Pour rejoindre le Silvaplanersee, nous commençons par une section plane où nous avons un bon rythme, suivi par une belle marche en montée, une belle descente, et un long bout droit interminable sous le cagnard (et j’ai perdu ma caquette!) où nous passons du monde qui marche. Mise à l’eau après 4h42 d’effort (et 3 min d’avance sur notre tableau de marche pré-établi), 1h avant le cut-off time, en 41ème position. Henri et son binôme, comme beaucoup d’équipe, seront mis hors délai ici.  Xav’ est assez stress à chaque transition (mettre la cagoule et le bonnet de bain, enlever la chasuble, enlever l’attache des manches de la combi, rentrer la ceinture sous la combi, enfiler les bras dans la combi mouillée, se monter la fermeture éclair mutuellement, remettre la chasuble et ajuster les lunettes! ouf….) et c’est pas la discipline où l’on excelle le plus!

Et là, il y a un gros soucis: Xav’ n’avance plus! Mais alors plus du tout! Je suis à la limite de faire la planche et de parfois faire un mouvement de bras, mais rien n’y fait! 600m de natation interminable pour Xavier! 3 min/100m. A la sortie de l’eau, il est « raide ». Pause au ravito pour remplir les Camelbak. 200m de d+ en 1km de marche plus tard, il est plus lucide et pense qu’il n’avait pas assez tiré les manches et les épaules, et que cela lui a scié les épaules. Petite course sur la crète et ensuite c’est 6 km très roulant où à ce moment de la course nous sommes bien, tous les deux! La seule alerte, c’est mes genoux, où mes tendons me font souffrir le martyre quand ça descend.

Enfin des longues sections natations, c’est ici qu’on veut faire la différence et remonter des équipes. 1’400m, 1’250m et 350m, seulement entrecoupés de 3.5km et 1 km de plat. Seulement voilà, Xav’ n’a plus de bras à cause de la mésaventure précedente, et il vit un véritable calvaire. Je nage très tranquille, et m’arrète fréquemment pour l’attendre et bien s’orienter. A la sortie de l’eau, nous avons tous les 2 les jambes sciées! 30 min dans l’eau froide et la sensation d’avoir 2 bouts de bois en guise de jambes! Je force Xav’ à courir et en effet, après 1km ça passe! Les 30 min suivantes dans le Lac de St Moritz me font à nouveau craindre l’abandon pour Xavier mais il y parvient, au courage! On cours ensuite en combi intégrale une dizaine de minutes avant de se remettre à l’eau dans une gouille à 19 degrès! C’est trop chaud! Au bout du lac, nous savons maintenant que nous serons Finishers: il n’y a plus que 400m de natation et sur les sections de course, au pire on peut marcher!

C’est donc la plus longue section de course que nous abordons. Un peu plus de huit kilomètres très légèrement valonné. On profite au max du cadre (sentiers en forêt, vue imprenable sur les alpes et les lacs en contrebas) et ça défile vite. Un peu trop vite même dans les descentes où j’extériorise pas mal mes douleurs aux genoux! 😉 A ce moment là de la course, Xav’ est bien, et moi beaucoup moins! La mise à l’eau le stress, il vivra à nouveau un calvaire sur 400m. J’en profite pour récupérer au max! A la sortie de l’eau on se tire la bourre avec une équipe qu’on a croisé au moins 5x sur la course. Trois kilomètres où Xav’ en veut et me dit de crocher. J’en peux plus, on est à 4’40/km avec tous notre équipement, et c’est juste pas tenable. Une montée (en fait un pont!): « On marche! » Xav’: « Allez on continue! »). Ils sont à 30m, toujours à 30m, et puis plus rien, hors de vue. Une autre équipe 100m devant, et on va la chercher quelques hectomètres avant l’arrivée. 8h00 juste heureux! (et belle bataille pour la 39ème place, hein Xav! 😉

Au final, une course ma-gni-fi-que! Des parcours somptueux et un concept, le swimrun, que je trouve extra!

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8h00, 39/102 classés (29/74 Men)